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île

Critique du film Terraferma/ Lampedusa/ Biblio livre d'Italie

Le 10/03/2014

Lampedusa, 9 ans après "Respiro"

TERRAFERMA – film de Emanuele Crialese – Décembre 2011

Sur une île paradisiaque-les passages de paysages pittoresques sont nombreux- des personnes vivent de la pêche principalement. Les personnes tentent d'atteindre les rives pour fuir leur pays. Trouver une terre d'accueil, un emploi et une liberté loin des tumultes politiques et sociaux qui règnent dans leur pays d'origine. L'Eldorado.

Le désenchantement est perceptible lorsqu'ils doivent encore se cacher et tenter d'atteindre les grandes villes. Les habitants de l'île sont pris au piège entre la loi de la mer et le retour sur terre qui les rend coupables de complicité d'hébergement et victimes des représailles de la police et des autorités locales. Saisie de bâteaux, harcèlement, saisie des maisons, délation des voisins...

La famille sur laquelle le réalisateur met l'accent loue sa maison durant la saison, et habite dans le garage aménagé. C'est là qu'ils vont accueillir une femme et ses enfants recueillis en mer. Alternance entre souhait de les aider, et volonté qu'ils partent pour ne pas encourir de risque.

Echange entre les femmes, confidences, la femme qui a voyagé deux années pour arriver là et rejoindre son mari, raconte les violences subies en prison, la naissance de son enfant issue d'un viol, la non-acceptation par son fils aîné de l'enfant.

Les « autochtones », vivant de la pêche mais aussi du tourisme ratissent chaque matin les plages de sable blanc pour ramasser les déchets qui se déposent sur le sable. Ils portent des gants en plastique et des masques. Quelques scènes plus loin, les rescapés des embarcations éphémères des émigrés ou immigrants, harassés de fatigue, s'échouent sur ces plages.

Les touristes accourent pour les déposer au sol, des sourires s'échangent, ils leur donnent à boire, une solidarité de corps est perceptible, les peaux se touchent, les regards se croisent.

Puis un autochtone s'approche et se donne le rôle de « rassurer » les touristes en leur proposant de ne pas faire attention, que le soleil est là, et que ce n'est qu'une anecdote, non ici des clandestins, non, c'est un mythe.

La police intervient alors, et munis de gants en plastique et de masques s'avancent pour arrêter les migrants. L'Autre, l'étranger, porteur de maladies, les mythes sont tenaces.

Cette image vient encore appuyer l'idée des stigmatisations en fonction de l'origine ethnique, de la peur de l'Autre, de la domination sous-jacente de la « race » blanche, terme utilisé ensuite dans le débat par une spectatrice, provoc ou méconnaissance?

Il me semble qu'une seule race existe, c'est la race humaine.

Ce film, vu par un bout de la lorgnette dans cet exemple, dénonce entre autre l'abomination du traitement de la personne dans la volonté de maîtriser l'immigration.

Ce film laisse transparaître la solidarité des pêcheurs, la transmission inter-générationnelle, les rapports hommes-femmes, les touristes en quête d'exotisme et de confort.

Vu sous plusieurs angles, j'ai trouvé que ce film ratissait large, et que le point de vue du réalisateur n'était pas de prendre parti mais de présenter un état de fait.